jeudi 11 octobre 2007

La radio numérique : une affaire de gros sous




Cela fait une dizaine d’années qu’on entend parler de radio numérique. La première expérimentation a été réalisée en 1988 en Suisse. Des tests ont ensuite été menés par différents opérateurs francais.

Mais on ne voit toujours rien venir alors qu'il y a un marché comme le montre le graphique ci-contre. Sauf peut-être aujourd’hui. Le CSA devrait rendre public ses premières conclusions sur les dernières expériences réalisées dans l’Hexagone.

L’annonce de cet organisme permettra-t-elle d’y voir plus clair ? Il faut l’espérer car la radio est le parent pauvre du numérique. Deux ans après son lancement, la TNT gratuite est un succès. Mais là aussi, il a fallu attendre plusieurs années avant que la télévision numérique terrestre ne soit lancée et fasse de l’ombre aux grandes chaînes hertziennes et principalement à TF1. Il y a quelques années, le patron de la Une, Patrick Le Lay, n’avait pas de mots assez durs pour qualifier la TNT. Il n’y croyait pas. On voit le résultat aujourd’hui : des années de retard par rapport aux Britanniques par exemple.

C’est la même chose avec la radio numérique. Son lancement pourrait faire de l’ombre aux grandes stations. Pour contrôler la situation, elles militent pour une solution prohibitive pour toutes les radios locales ou associatives : le T-DMB (Terrestrial -Digital Multimedia Broadcasting). Ses partisans ? Le puissant Groupement pour la Radio numérique (GRN), qui revendique 85% de l'audience française (Radio France, Lagardère, RTL, NRJ, etc.).

En face, il y a le DAB+ (Digital Audio Broadcasting), défendu par les « petits ». Vingt-quatre radios indépendantes et associatives (dont Ouï FM, Nova, RFI, etc.) l'ont ainsi choisie pour leurs tests sur Nantes.

Pourquoi le GRN milite pour le T-DMB ? Dérivé du DAB (Digital Audio Broadcasting), standard européen pour la diffusion de radios numériques. Depuis décembre 2005, le T-DMB est utilisé en Corée du Sud où plus d'un million de récepteurs ou de téléphones compatibles étaient en circulation en juin 2006. L'Allemagne a aussi opté pour ce standard l'an passé.

En France, il a été testé début 2006 par un groupe composé de Samsung, Bouygues Telecom, TF1, Europe 1, Europe 2 et VDL (société spécialisée dans la diffusion de radio numérique). Principal avantage : il nécessite moins d'émetteurs. Il faut en effet trois ou quatre antennes pour couvrir Paris en DVB-H (Digital video broadcasting handheld, la TNT mobile) contre un ou deux en T-DMB.

« On pourra montrer la pochette d'un disque, faire la promo d'un concert et montrer la webcam d'un studio radio », explique à Reuters Raphaël Eyraud, directeur du pôle radios à TowerCast, filiale de télédiffusion de NRJ, qui teste le T-DMB sur Paris et Lyon. « Le DAB+ ne permettra de diffuser que des caractères », affirme-t-il.

Mais le T-DMB nécessite des équipements coûteux, trop coûteux pour les petites radios.

Elles préfèrent donc le DAB+ qui est moins onéreux à déployer et qui permet de caser davantage de fréquences dans le paysage radiophonique. Leur nombre pourrait être doublé dans chaque ville par rapport à la FM.

Sous couvert de relancer la FM qui arrive à saturation, les ténors de la radio ne cherchent qu’un seul but : maintenir leur position dominante.

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